Dans notre service, on travaille en équipe

Centre des brûlés de l’hôpital universitaire Khechinashvili
Tbilisi, Géorgie
–  Justyna Mielnikiewicz

“Le rôle de l’infirmière est énorme, il est difficile d’en décrire l’ampleur. Personne ne peut dire avec certitude qui en fait le plus : le médecin-chef, le médecin traitant, le médecin ou l’infirmière de garde, ou l’infirmière qui travaille avec un patient. Personne ne le sait.”

Dr Guga Kashibadze
Médecin-chef du Centre des brûlés de l’hôpital universitaire Khechinashvili à Tbilissi, en Géorgie.

Le Dr Kashibadze, comme beaucoup d’autres médecins qui l’ont précédé, et ceux qui le suivront à l’avenir en Géorgie, a commencé sa pratique médicale en tant qu’infirmier auxiliaire. Il a ensuite travaillé comme infirmier avant de devenir médecin interne, puis de créer son propre cabinet médical. Son équipe, au Centre des brûlés de l’hôpital universitaire Khechinashvili à Tbilissi, est composée d’infirmières dévouées, dont beaucoup y travaillent depuis des décennies, certaines même depuis des générations.

Zemfira Dzuskayeva, infirmière en charge de l’habillage, a 45 ans d’expérience dans le Centre des brûlés. Les larmes aux yeux, elle évoque la nature chaleureuse et coopérante de ses collègues. Son expérience d’infirmière et son expertise médicale sont toujours bien accueillies et prises au sérieux par l’équipe du personnel, qui est devenue comme une seconde famille.

Elle se souvient du Dr Kashibadze, qui a étudié dans le service des grands brûlés, tout en apprenant à devenir médecin.

Le fardeau qu’elle porte n’est pas apparent, lorsqu’on l’observe travailler, calme, assurée. Elle est pourtant consciente des vives souffrances qu’endurent ses patients.

“Il n’existe pas de « personne ou médecin principal », comme si le reste du personnel n’était pas important. Nous faisons tous partie d’un seul et même ensemble.”

Zemfira Dzuskayeva, infirmière

Je regarde Zemfira qui change les pansements sur les plaies des patients, d’abord ceux des enfants – qui crient presque sans arrêt. Puis ceux des adultes, qu’elle calme et divertit avec un flot incessant de blagues.

“Environ 80 % de nos patients ont souffert de brûlures à la suite d’une négligence. Le traumatisme psychologique fait désormais partie de leur état, au même titre que le traitement médical des brûlures elles-mêmes. Une fois la guérison physique terminée, les marques laissées par les brûlures subsistent. Que les brûlures soient sur le visage, les mains ou d’autres parties du corps, elles rappellent le traumatisme subi et qui persistera .”

Dr Guga Kashibadze

Mariam Chokoshvili et sa mère, Aza, sont infirmières en chirurgie. Aza travaille au Centre des brûlés depuis 1985, soit un an après sa création.

“Pour les patients, l’essentiel est la relation avec leur infirmière. L’infirmière doit savoir quand appeler le médecin et quand prendre en charge le patient. Elle ne doit pas avoir besoin d’appeler le médecin à chaque minute, mais d’un autre côté, elle ne doit pas prendre toute la responsabilité sur elle. Cela vient avec l’expérience.”

Dr Guga Kashibadze

Alors que les cas de brûlures moins graves sont traités dans des cliniques de toute la Géorgie, le Centre des brûlés de Tbilissi est à la fois un service d’urgence pour la capitale et pour les brûlures graves de tout le pays ainsi que de la région du Caucase. Le centre est, en outre, spécialisé dans la chirurgie plastique reconstructive et les soins à long terme.

Pour les infirmières qui s’occupent des patients brûlés, la gestion de la peur et de la douleur des patients est une tâche quotidienne. Les patients restent pendant des semaines, voire des mois, et les parents des enfants sont hébergés sur place. Il faut souvent une équipe entière pour retourner ou déplacer un patient, ou pour changer les pansements.

Le centre des brûlés de l’hôpital universitaire Khechinashvili a ouvert en 1984. Sa création a été possible grâce aux travaux universitaires et à la pratique révolutionnaire du professeur Besik Iashvili.

Le professeur Iashvili a commencé sa carrière à Moscou, en travaillant avec des spécialistes des brûlures qui traitaient les victimes de la Seconde Guerre mondiale. À son retour à Tbilissi après la guerre, il a poursuivi sa pratique en Géorgie.

Auteur de quelques 115 articles et monographies scientifiques, le nom du professeur Besik Iashvili est lié aux domaines de la combustologie et de la chirurgie plastique reconstructive en Géorgie.

Pendant sa retraite, le professeur Iashvili, jusqu’à l’âge de 91 ans, visitait encore fréquemment l’unité, désireux de rester en contact avec l’équipe qui œuvre dans le centre d’excellence qu’il a créé.
Il est décédé en février 2021, âgé de 92 ans.
Le Dr Guga Kashibadze dirige l’équipe depuis 1995.

Justyna Mielnikiewicz