Elle était toujours là, un pilier

Services de soins à domicile Spitex
Zürich, Suisse –  Dominic Nahr

À 7h30, Mme Gambarini, infirmière, prend une batterie dans la salle de stockage du centre Spitex de Wiedikon, et se dirige vers le garage où sont garés plus d’une douzaine de vélos électriques.

Les vélos électriques sont la meilleure solution pour Spitex, les employés n’ont pas à se soucier de la circulation ou du stationnement. Mais ils doivent souvent braver la neige ou la pluie, de jour comme de nuit.

Mme Gambarini porte sur elle la liste de ses visites, qui durent chacune entre 11 minutes et une heure. Le timing de ses visites est crucial, tout comme les matins pour ses patients. La plupart des clients ont besoin d’aide pour commencer la journée.

Mme Gambarini les aide à se doucher, à s’habiller et à prendre leurs médicaments. Elle vérifie leur taux d’insuline, met des bas de contention et leur dit au revoir une fois qu’ils sont installés et assis à la table du petit déjeuner.

Lorsque Mme Gambarini termine en début d’après-midi, Mme Pierson, infirmière également, prend la relève. Elle exerce ce métier depuis 20 ans et travaille depuis cinq ans pour Spitex.

Mme Pierson travaille dans l’équipe de nuit.
Elle commence à 13h30 et devrait finir à 22h30, mais sa journée se termine souvent plus tard.

Je voyais les cyclistes de Spitex sillonner la ville depuis que j’ai emménagé ici en 2017. J’ai toujours été fasciné de regarder où ils allaient, et curieux de savoir à quoi ressemblait leur travail.
Ma grand-mère faisait venir une infirmière de Spitex chez elle pour s’occuper d’elle. Ma mère est toujours très proche de cette infirmière – elle a formé un lien fort avec ma famille. Elle était toujours là, un pilier. Surtout dans les dernières années de ma grand-mère.
Pendant mon reportage avec Spitex à Zurich, j’ai eu la chance de voir deux équipes différentes, l’une le matin et l’autre le soir. Il faisait froid et sec un jour, et il y avait beaucoup de neige le lendemain, tout cela dans la même semaine.
Paradoxalement , de tous les bureaux Spitex de la ville, j’ai suivi celui qui se trouve dans le quartier où je vis. Ainsi, en allant de patient en patient à vélo, nous passions plus d’une fois devant l’entrée de mon immeuble. L’expérience en est devenue d’autant plus spéciale, puisqu’elle m’a offert l’occasion de visiter les logements de celles et ceux qui habitent mon quartier.
Le lien que les infirmières entretiennent avec leurs patients est très fort et ne doit pas être sous-estimé, surtout pendant la pandémie, où beaucoup n’ont que peu d’interactions sociales. Je pense que les infirmières de Spitex ne se contentent pas de soigner leurs patients, mais elles les aident aussi à rester sains d’esprit dans leur isolement, grâce à des visites régulières.
Avec certains, les échanges verbaux étaient limités, le lien passait par le contact physique. Avec d’autres, il semblait qu’elles poursuivaient les conversations qu’elles avaient peut-être entamées lors de leur dernière visite.
Je pense que si chacun ne s’inquiète que de sa propre sécurité ou de celle de sa famille proche pendant une telle crise, certaines des personnes les plus isolées et les plus âgées de la société risqueraient d’être oubliées, délaissées. Les infirmières à domicile jouent un rôle crucial dans la surveillance de la santé des patients, elles donnent à leurs patients le confort d’un visage familier qui revient chaque jour, même si ce n’est que pour quelques minutes.

Dominic Nahr