Je voyais les cyclistes de Spitex sillonner la ville depuis que j’ai emménagé ici en 2017. J’ai toujours été fasciné de regarder où ils allaient, et curieux de savoir à quoi ressemblait leur travail.
Ma grand-mère faisait venir une infirmière de Spitex chez elle pour s’occuper d’elle. Ma mère est toujours très proche de cette infirmière – elle a formé un lien fort avec ma famille. Elle était toujours là, un pilier. Surtout dans les dernières années de ma grand-mère.
Pendant mon reportage avec Spitex à Zurich, j’ai eu la chance de voir deux équipes différentes, l’une le matin et l’autre le soir. Il faisait froid et sec un jour, et il y avait beaucoup de neige le lendemain, tout cela dans la même semaine.
Paradoxalement , de tous les bureaux Spitex de la ville, j’ai suivi celui qui se trouve dans le quartier où je vis. Ainsi, en allant de patient en patient à vélo, nous passions plus d’une fois devant l’entrée de mon immeuble. L’expérience en est devenue d’autant plus spéciale, puisqu’elle m’a offert l’occasion de visiter les logements de celles et ceux qui habitent mon quartier.
Le lien que les infirmières entretiennent avec leurs patients est très fort et ne doit pas être sous-estimé, surtout pendant la pandémie, où beaucoup n’ont que peu d’interactions sociales. Je pense que les infirmières de Spitex ne se contentent pas de soigner leurs patients, mais elles les aident aussi à rester sains d’esprit dans leur isolement, grâce à des visites régulières.
Avec certains, les échanges verbaux étaient limités, le lien passait par le contact physique. Avec d’autres, il semblait qu’elles poursuivaient les conversations qu’elles avaient peut-être entamées lors de leur dernière visite.
Je pense que si chacun ne s’inquiète que de sa propre sécurité ou de celle de sa famille proche pendant une telle crise, certaines des personnes les plus isolées et les plus âgées de la société risqueraient d’être oubliées, délaissées. Les infirmières à domicile jouent un rôle crucial dans la surveillance de la santé des patients, elles donnent à leurs patients le confort d’un visage familier qui revient chaque jour, même si ce n’est que pour quelques minutes.